Excellence Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les membres du gouvernement ;
Mesdames et messieurs les députés ;
Distingués invités, en vos divers rangs, titres et qualités respectifs ;
Mesdames et messieurs.
Mes premiers mots devant cette vénérable Assemblée s’adressent tout d’abord au Président Issaka Sidibé qui m’a fait l’honneur et l’amitié de m’associer à la cérémonie d’ouverture de la deuxième session ordinaire 2019 de l’Assemblée nationale du Mali.
Monsieur le Président ;
Les convenances républicaines veulent que je m’adresse à vous avec l’expression « cher homologue ».
Mais la tradition bien africaine, qui lie les peuples malien et burkinabé, m’impose de vous rendre le respect et la considération dus d’abord à votre âge, en vous appelant « cher ainé ». Et pour vraiment être juste envers vous, il n’y a que le mot « M’faa », ou « père » en Bambara, pour traduire toute la considération que je vous dois.
En effet, le fils que je suis pour vous n’était pas encore venu au monde lorsque, en 1968, vous entamiez votre carrière professionnelle au port de Dakar.
Elu député pour la première fois en 2002, votre brillante carrière dans la Douane et l’expertise qui en découle vous ont valu la confiance de vos pairs qui vous ont confié la charge de rapporteur général de la Commission des Finances, de l’Economie et Plan entre 2002 et 2005.
A la faveur des élections législatives de 2013, vous voilà de retour au Parlement dont vous êtes le président depuis le 22 janvier 2014.
Grâce à vos capacités managériales, à votre sens de l’écoute, du dialogue et de la responsabilité, l’Assemblée nationale malienne s’est affirmée comme le haut lieu de la vie démocratique du pays.
Le regain de dynamisme, que vous avez insufflé à la diplomatie parlementaire malienne a valu à votre Parlement la confiance des institutions sous régionales et internationales. En atteste le choix de Bamako pour abriter la 12e Conférence de l’UPCI tenue en janvier 2017. Un défi que le peuple malien a su relever en restant fidèle à une de ses grandes valeurs traditionnelles, le Djatiguiya, ou la légendaire hospitalité malienne, qui mérite d’être classé patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO.
Cher ainé Issaka Sidibé, si j’ai tenu à rappeler en quelques mots votre engagement politique au risque de heurter votre modestie, ce n’est pas pour jouer au Djéli dont je n’ai ni l’autorité, ni l’éloquence.
Ma démarche procède plutôt de ma volonté, qui est aussi la vôtre, je n’en doute pas, de rapprocher davantage nos deux institutions par un renforcement des liens de coopération parlementaire qui les unit déjà.
J’ai tenu à souligner quelques-unes de vos actions, pour vous signifier que vous serez pour moi une source d’inspiration, un modèle à imiter, un père à consulter. Et j’espère que la batterie de votre téléphone est suffisamment puissante pour supporter les incessants appels que je vous adresserai. S’il le faut je vous rejoindrai en personne et ce ne sont pas les 800 kilomètres qui séparent nos deux bureaux qui m’en dissuaderont.
Monsieur le Président ;
Distingués invités ;
Mesdames et messieurs les députés ;
En ces circonstances solennelles, au temple du pouvoir législatif, malgré les siècles qui se sont écoulés, je voudrais saluer la mémoire, l’héroïsme, le sens d’homme d’Etat et l’œuvre politique d’un des plus illustres législateurs dans l’histoire de l’humanité.
Vous l’aurez sans nul doute deviné, il s’agit de Soundjata Kéïta, fondateur du prestigieux empire du Mali.
Aujourd’hui, le monde entier se glorifie de la Déclaration universelle des Droits de l’homme adoptée en décembre 1948, aujourd’hui la France est fière de l’adoption de la Déclaration des droits de l’homme et des citoyens de 1789, aujourd’hui le peuple américain magnifie l’Acte de déclaration de 1776.
Mais aujourd’hui on oublie que tous ces textes de grande portée juridique, politique et historique ont tous un prédécesseur. Il s’agit de la Charte de Kouroukan Fouga ou Charte du Mandé édictée en 1236 par le législateur, l’administrateur et le stratège que fut Soundjata Kéïta. Et c’est à juste titre que nombre d’historiens la considèrent comme la première Déclaration des droits humains.
C’est à nous de savoir réhabiliter cet inestimable héritage, c’est à nous de nous le réapproprier, c’est à nous d’en savoir tirer les enseignements nécessaires pour répondre aux nombreuses questions qui se posent à nos sociétés.
Honorables députés,
Maliennes et maliens,
Les Chefs d’Etat de la CEDEAO ont décidé en juin dernier à Abidjan de donner un coup d’accélérateur à la création de la monnaie unique repoussée à maintes reprises depuis 1983. L’espoir de voir un rêve des panafricanistes se réaliser enfin a suscité en moi le souvenir des belles tentatives de nos illustres devanciers parmi lesquels le Président Modibo Kéita. Toute sa vie il s’est battu pour l’unité africaine non sans mal : d’abord aux côtés de Léopold Sédar Senghor pour la création de la fédération du Mali ; avec Sékou Touré et Kwame Nkrumah pour fonder l’Union des Etats de l’Afrique de l’ouest ; avec d’autres pour la rédaction de la charte de l’Organisation de l’unité africaine. Vous avez eu raison de lui ériger un mémorial car comme l’affirme très justement Joseph Ki-Zerbo « nul n’a le droit d’effacer une page de l’histoire d’un peuple, car un peuple sans histoire est un monde sans âme. »
Monsieur le Président ;
Distingués invités ;
Mesdames et messieurs les députés ;
Je suis ici par amitié pour ce peuple frère malien.
Je suis ici par fidélité à l’histoire, à la géographie et à la culture qui unissent le Mali et le Burkina Faso.
Je suis ici par solidarité avec le peuple malien qui, comme le mien, fait face à une situation sécuritaire inédite de son histoire.
A ce sujet, vous voudriez bien transmettre à Son Excellence Monsieur le Président Ibrahim Boubacar Kéïta, le message d’amitié et de solidarité de son homologue burkinabé, Roch Marc Christian Kaboré, Président en exercice du G5 Sahel.
Je me joins au Chef de l’Etat burkinabé pour exprimer au Président Ibrahim Boubacar Kéïta tous mes remerciements pour son engagement personnel et constant en faveur de la paix et de la sécurité dans notre sous-région.
J’aurais souhaité que mon séjour se tienne dans des circonstances plus sereines. Mais les groupes terroristes qui attaquent nos Etats, agressent lâchement nos armées, martyrisent nos populations et endeuillent nos familles sont toujours à leurs basses œuvres. En témoigne la dernière attaque en date contre le bataillon malien du G5 Sahel à Boulikéssi, à la frontière avec le Burkina Faso.
En mémoire de ces victimes et de toutes les victimes du terrorisme, militaires comme civiles je vous demande d’observer une minute de silence.
Un proverbe bambara dit que la souffrance en commun unit plus que la joie en commun.
En ces moments d’épreuves, de drames, de larmes et de souffrances, nous devons être à la hauteur de la situation.
Cette exigence passe, entre autres, par notre solidarité avec ceux qui ont choisi le métier des armes et sont engagés sur toute l’étendue de nos territoires dans la lutte contre le terrorisme.
Sœurs et frères du Mali ;
Honorables députés.
Je l’ai déjà annoncé à l’Assemblée nationale de mon pays. Avec votre autorisation, je me permets de le répéter devant vous. Les épreuves que nos deux peuples subissent, exigent un langage de vérité : nous sommes en guerre. C’est une guerre pour la vie mais c’est aussi une guerre à vie.
Certes, elle nous coûtera encore des morts, des larmes, des moments de deuil, du sang, de la sueur, des soupirs, des nuits sans sommeil, des instants de doutes et d’interrogations.
Mais nous en sortirons victorieux.
Nous en sortirons victorieux car notre cause est juste.
Nous en sortirons victorieux car notre amour pour la mère patrie n’est pas négociable.
Nous en sortirons victorieux car à chaque fois qu’un Malien ou un Burkinabé tombe, d’autres Maliens ou d’autres Burkinabé se précipiteront pour ramasser ses armes et continuer le combat.
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