Discours d’ouverture de l’Honorable Issaka SIDIBE, Président de l’Assemblée Nationale du Mali lors de Atelier sur le genre : « Renforcement de la participation des femmes à l’Assemblée Nationale ».

Chers collègues députés,

Monsieur le représentant de Madame le Ministre de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement Durable,

Madame Brigitte FILION, représentante de l’Union Interparlementaire (UIP),

Mesdames et Messieurs les représentants des Départements ministériels,

Mesdames et Messieurs les représentants des partis politiques, des Organisations Non Gouvernementales et de la société civile,

Mesdames et Messieurs les experts,

Distingués invités, Chers participants, Mesdames et Messieurs,

Bienvenue à toutes et à tous à l’Assemblée Nationale du Mali.

L’atelier qui nous regroupe ce matin, comme vous devez vous y attendre, est d’une importance décisive pour la gouvernance et l’avenir démocratiques de notre pays. Il vise, d’une part, à vous informer sur la question du renforcement de la participation des femmes à l’Assemblée nationale et, d’autre part, à contribuer à votre outillage pour que vous soyez désormais des acteurs avisés du changement espéré.

En scrutant la salle, je me réjouis déjà de la qualité et de la diversité des participants venus quasiment de tous les segments de la vie sociopolitique de notre pays. Ceci est très encourageant à mes yeux pour la finalité recherchée à travers cette activité. En effet, il est utile de rappeler que le présent atelier constitue aussi bien pour l’UIP que pour l’Assemblée Nationale du Mali un levier important pour mettre en exergue la place combien prépondérante des femmes dans le débat démocratique, singulièrement au sein du parlement.

A cet égard, je suis particulièrement ému et fier que cette rencontre se tienne ici, dans cette salle dédiée à la première femme députée du Mali, l’Honorable Aoua KEITA. Ceci représente sans aucun doute l’emblème de la considération et de l’intérêt manifeste que l’Assemblée Nationale accorde à la femme malienne et à son rôle sur l’échiquier politique national. Nul autre endroit sur notre territoire n’aurait pu mieux abriter cet atelier encore moins symboliser son thème central.

Distingués invités,

Mesdames et Messieurs,

Il est constant que l’idéal démocratique repose sur la conception que le pouvoir politique procède du peuple souverain. Il ne pourrait donc y avoir de vraie démocratie sans l’implication pleine et effective des femmes qui constituent, vous le savez, plus de la moitié de notre population.

Le rôle de la femme en politique, spécifiquement au sein du Parlement, doit être nécessairement apprécié à sa juste valeur. Il ne doit en aucun cas être marginal. La femme malienne est même « obligée » d’être une actrice à part entière de la scène politique nationale voire internationale car c’est elle qui connait mieux que quiconque les vraies problèmes de notre société. C’est elle qui vit au quotidien les inégalités et autres discriminations multiformes. C’est elle qui subit, au jour le jour, les conséquences des problèmes environnementaux, les problèmes de santé, de pauvreté, de violences conjugales et j’en passe.

Or, paradoxalement, la représentation des femmes à l’Assemblée Nationale du Mali a toujours été très faible voire insignifiante. D’une (1) seule femme députée à l’Assemblée Législative de la République Soudanaise en 1959, en la personne de Mme Aoua KEITA dont j’ai parlé tantôt, le quota des femmes était encore de deux (2) députées, plus de 30 ans après, au moment de la mise en place de la 1ère Législature de la 3ème République en 1992.

Pour l’actuelle Législature, elles ne sont que 14 à siéger sur un effectif de 147 députés. Vous pourriez me dire si cela est logique.

Il est donc grand temps que les femmes puissent émerger davantage sur la scène parlementaire ; qu’elles soient enfin soutenues, de manière franche et à tous les niveaux, en vue de leur participation massive et de qualité au Parlement en tant qu’élues de la nation, représentantes des populations maliennes à la base. Ce challenge, loin de l’utopie, est à mon sens bien réalisable. Il suffirait, entre autres initiatives, d’identifier d’abord tous les goulots auxquels les femmes sont réellement confrontées pour accéder au Parlement ; de trouver ensuite les solutions idoines pour les surmonter et enfin, d’appliquer correctement lesdites solutions. Naturellement, tout ceci doit reposer sur une volonté politique forte étant donné qu’il s’agira de passer de l’égalité théorique de droits à l’égalité de fait, comme prescrit par la Constitution de notre République.

En ce qui concerne l’Assemblée Nationale, je vous promets qu’elle sera toujours aux premiers rangs dans cette démarche citoyenne. Comme vous le savez, le ton est déjà donné, depuis plus de trois ans, avec l’adoption de la loi n° 2015-052 du 18 décembre 2015 qui sera certainement au cœur de cet atelier. Cette loi historique qui institue pour la 1ère fois dans notre pays des mesures pour promouvoir le genre dans l'accès aux fonctions nominatives et électives marque clairement la volonté de notre Institution de renforcer la présence des femmes dans les sphères de décision en République du Mali. Nous serons toutefois davantage ravis de noter tous les progrès futurs que ladite loi pourrait engendrer avec les prochaines élections législatives, en termes de pourcentage de femmes députées.

 

Distingués invités,

Mesdames et Messieurs,

Je dois vous avouer que la bonne volonté de l’Assemblée Nationale du Mali reste intacte à chaque fois qu’il s’agit de l’intérêt supérieur de la nation et des préoccupations légitimes des populations maliennes. La Représentation nationale est résolument engagée pour conforter la bonne gestion des affaires publiques, garantir à notre Etat des Institutions fortes, améliorer l’accès des populations aux services sociaux de base et promouvoir les droits des femmes.  

C’est pourquoi, notre Assemblée Nationale a été pionnière dans la création des comités de suivi de la mise en œuvre des ODD à travers le monde. Vous comprendrez aisément que pour cette raison, nous ne pouvons nullement nous dérober lorsqu’il s’agit de prendre des initiatives, à l’échelle nationale, pour atteindre les 169 cibles liées aux 17 ODD. Aussi, les échanges que vous aurez durant ces deux jours de travaux sur les cibles de l’ODD 5 devront permettre à notre pays d’accélérer un peu plus le rythme de mise en œuvre de ses engagements notamment dans le domaine de la promotion du genre.

 

Mesdames et Messieurs,

Chers participants,

Au sortir de cet atelier, nous osons espérer que vous serez tous bien armés pour mener des actions vigoureuses visant à créer les meilleures conditions de plein exercice des droits civils et politiques des femmes dans le but d’accroitre leur accès au Parlement.

Avant de clore mon allocution, je renouvelle toute la reconnaissance de l’Assemblée Nationale du Mali à la Présidente de l’UIP, à Monsieur Martin CHUNGONG, Secrétaire Général de l’UIP et à l’ensemble de ses collaborateurs, pour avoir favorisé la tenue de cette activité à Bamako. Je souhaite vivement que cette fructueuse coopération puisse se consolider chaque jour davantage pour l’atteinte de nos objectifs communs.

Pour terminer, je vous invite à méditer sur ces propos de Simone VEIL, prononcés en novembre 1974, dans son discours sur la légalisation de l'Interruption Volontaire de la Grossesse devant l’Assemblée Nationale française qui était composée à l’époque de 481 hommes et seulement de 9 femmes. Elle a dit ceci, je cite : "Je voudrais tout d'abord vous faire partager une conviction de femme, je m'excuse cependant de le faire devant cette Assemblée presque exclusivement composée d'hommes". Fin de citation.

Vous laissant à cette réflexion, chers participants, je souhaite pleins succès à l’atelier sur le Renforcement de la participation des femmes à l’Assemblée Nationale et je déclare ouverts les travaux !

Je vous remercie !

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