Monsieur le Premier ministre, Chef du Gouvernement,
Honorable Alassane Bala SAKANDE, Président de l’Assemblée Nationale du Burkina Faso et Président en exercice du CIP G5 Sahel,
Madame et Messieurs les Présidents des Institutions de la République,
Mesdames et Messieurs les membres du Gouvernement,
Chers Collègues Députés,
Monsieur le Gouverneur du District de Bamako,
Monsieur le Maire du District de Bamako,
Monsieur le Maire de la Commune II du District de Bamako,
Monsieur le Chef d’Etat-major Général des Armées,
Excellences, Mesdames et Messieurs les représentants du corps diplomatique,
Mesdames et Messieurs les Présidents des partis politiques,
Messieurs les Représentants des familles fondatrices de Bamako,
Messieurs les Représentants des Cultes Religieux,
Distingués invités,
Nous voici réunis, par la grâce de Dieu, en ce premier lundi du mois d’octobre 2019, pour l’ouverture solennelle de la session ordinaire d’octobre de notre Institution, conformément à l’article 65 de la Constitution.
A toutes et à tous, je vous souhaite la chaleureuse bienvenue dans notre hémicycle. Merci pour le témoignage renouvelé de l’intérêt que vous portez à notre Institution, à notre démocratie et à la République.
Distingués invités,
Mesdames et Messieurs,
L’ouverture de la présente session intervient seulement quelques heures après la clôture de la session extraordinaire débutée le 26 septembre dernier. La nécessité d’examiner certaines modifications affectant l’équilibre budgétaire et financier de la loi de finances initiale de 2019 a justifié la convocation de cette session extraordinaire, à la demande du Premier ministre. C’est le lieu, chers collègues, de vous exprimer ma profonde reconnaissance pour tout le sacrifice que vous avez consenti en vue de l’aboutissement heureux de ces travaux. Il est clair que le temps n’était aucunement notre allié mais, grâce à notre détermination, nous avons pu voter cette loi, pour le Mali. C’est donc avec grand plaisir que je vous retrouve cet après-midi pour le démarrage de 75 autres jours de session ordinaire qui viennent prolonger voire relancer nos efforts.
L’ouverture de cette session intervient surtout à un moment où notre pays cherche à consolider davantage sa cohésion et ses fondements à travers l’organisation du dialogue national inclusif. Les termes de référence dudit dialogue ayant déjà été validés, je voudrais, au nom de la représentation nationale, inviter l’ensemble de nos compatriotes à participer activement aux autres étapes de cet événement d’importance capitale pour l’avenir de notre pays. Ce dialogue auquel sont conviées toutes les forces vives de la nation, sans exclusion aucune, sera le cadre idéal d’échanges entre maliens pour faire, en toute responsabilité, un diagnostic sans complaisance de la crise multiforme que vit notre pays afin d’y proposer des pistes de solutions durables. Il sera également la preuve que malgré nos divergences, nous demeurons un peuple bien soudé dans sa diversité, un peuple fortement engagé dans la voie du consensus, du vivre ensemble et du progrès.
Dans cette quête d’un lendemain meilleur pour le Mali, je ne pourrais m’empêcher de faire mien le constat récemment fait par la Cour Constitutionnelle au sujet de la tendance de plus en plus marquée à la création de partis et de mouvements politiques dans notre pays ; ce, en violation des dispositions constitutionnelles et légales. J’en appelle solennellement au civisme de l’ensemble de nos compatriotes pour le respect scrupuleux des lois et règlements en vigueur en République du Mali. J’invite toutes les maliennes et tous les maliens à se départir de tout acte susceptible d’écorcher notre démocratie et notre cohésion. Au fort moment où nous cherchons à recoudre notre tissu social, vous comprendrez aisément qu’aucun virage dangereux ne saurait être encouragé. Il est clair que toute création de formations politiques doit obligatoirement observer les principes fondateurs de notre République, c’est-à-dire le respect de la souveraineté nationale, de la démocratie, de l’intégrité du territoire, de l’unité nationale et de la laïcité de l’Etat. Aucun regroupement politique ne pourrait donc se constituer sur une base ethnique, religieuse, linguistique, régionaliste, sexiste ou professionnelle en violation de ces limites légales. Par conséquent, soyons républicains, soyons démocrates et exerçons notre démocratie en toute liberté mais dans la légalité absolue!
Honorables députés,
Distingués invités,
Mesdames et Messieurs,
Les dernières semaines ont été assez mouvementées dans beaucoup de localités maliennes suite à des vagues de contestations populaires relatives à l’amélioration d’infrastructures routières et des conditions de vie de nos concitoyens vivant dans ces zones. Les altercations qui s’en sont suivies, et ayant conduit à un blocus plus ou moins long des villes concernées, sont évocatrices de griefs réels auxquels l’Etat doit vite remédier. En effet, de Kati à Kayes, de Gao à Tombouctou en passant par Ménaka, l’érection de barricades sur les axes routiers pour exiger lesdites prestations des pouvoirs publics nous interpelle sérieusement.
L’alerte avait pourtant été donnée par l’Assemblée nationale au cours de certaines séances de questions orales sur les travaux de la route reliant Kati à Kayes, ceux relatifs à la route Sévaré-Gao ainsi que la route de Nara. Je salue cependant les efforts fournis par le Gouvernement pour calmer lesdites tensions sociales mais je voudrais vous encourager, Monsieur le Premier Ministre, à tout mettre en œuvre pour honorer les différents engagements pris dans ce cadre, dans les délais prévus, et surtout à être davantage proactif sur ces genres de questions. A nos compatriotes des villes et des campagnes, j’en profite aussi pour leur demander et avec insistance, de sortir de cette forme d’épidémie qui est en train de s’installer progressivement dans notre pays. Je veux parler de ce phénomène de mode contagieuse consistant à bloquer les voies d’accès à des localités en guise de protestation. Quels que soient la légitimité et le bien fondé des doléances sociales, j’estime qu’il n’est pas bienséant de porter atteinte à l’ordre public et de priver d’autres citoyens de leur liberté constitutionnelle d’aller et de venir.
Aussi, au-delà du moyen d’expression voire de pression que ces blocus représentent pour les contestataires, n’oublions jamais que notre liberté s’arrête là où commence celle des autres. Je voudrais souligner, en outre, qu’indépendamment des conséquences de ces actions sur la vie socioéconomique, nous ne devons jamais perdre de vue que le pays vit dans une situation d’insécurité, situation qui doit interpeller chacun et chacune de nous pour faciliter, à tout moment, la mobilité et les interventions de nos forces.
En considération de tout ce qui précède, je voudrais réitérer la détermination de l’Assemblée Nationale à œuvrer, au quotidien, de jour comme de nuit, à la réalisation des nobles ambitions que le Président de la République, SEM Ibrahim Boubacar KEITA et le Gouvernement nourrissent pour notre cher pays. Le chemin, il est vrai, n’est pas linéaire mais ensemble, nous pourrons continuer à remporter de larges victoires dans les domaines de la paix, de la sécurité, de la réconciliation nationale, du développement durable et de l’amélioration des conditions de vie des maliens. Ensemble, rien ne pourra nous résister, inchallah. Cela a été prouvé par le peuple malien depuis les temps immémoriaux et nous sommes condamnés à poursuivre dans cette direction car le Mali est éternel. Oui, par la grâce du Tout Puissant, notre pays saura toujours résister aux dures épreuves du temps !
Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement,
Je mets votre présence à profit pour saluer votre engagement et votre pragmatisme comme réponse explicite donnée à l’Assemblée Nationale suite aux différentes interpellations du Gouvernement sur la situation sécuritaire au centre du pays. En effet, à travers vos récents déplacements dans les localités du centre, nous avons pu constater avec bonheur une amorce d’accalmie prometteuse entre les communautés vivant dans la zone. Nous osons espérer que les différents signaux encourageants, reçus de la part des protagonistes, puissent véritablement conduire au retour définitif de la paix et de la sécurité dans lesdites localités.
Cependant, nos forces de défense et de sécurité, malgré cette relative accalmie et leur occupation du terrain, continuent de subir de lourdes pertes humaines et matérielles. En témoignent les multiples embuscades et attentats dont elles font l’objet de manière itérative. Les dernières en date dont nous portons encore le deuil ont été les abominables attaques du Camp militaire de Boulkessi et du Poste de Mondoro, survenues dans la nuit du 29 au 30 septembre 2019. Il ya donc lieu sûrement de revoir des choses à ce niveau, malgré que nous soyons désormais sujets à une guerre asymétrique. C’est pourquoi, en ces moments tristes pour notre pays, j’adhère totalement à ces propos tenus, avant-hier, par le Président de la République, je cite : « J’attends aujourd’hui du Gouvernement d’être vigilant, d’anticiper......Est-ce que l’on peut penser sérieusement et honnêtement que nous avons d’autres urgences aujourd’hui que celles-là ?.......Maintenant, nous avons affaire à un moment de règne de l’obscur, où la mort est devenue l’objectif, la mort est recherchée, la mort est le but. Nous avons affaire à des gens qui n’ont pas nos valeurs. Quand quelqu’un s’insinue à nous dans notre village, se mêle à nous, on nous sait et on sort pour revenir nous poignarder, ce n’est pas évident. » Fin de citation.
Dans tous les cas, je vous donne l’assurance que dans ce combat l’Assemblée Nationale reste à jamais mobilisée derrière les FAMAS. L’armée malienne aura toujours le soutien inconditionnel dont elle a besoin auprès de la représentation nationale pour accomplir sa mission avec honneur, dignité et professionnalisme.
Dans le même cadre, je ne peux m’empêcher de signaler que le Sahel en général, continue d’être confronté à divers facteurs de fragilité qui alimentent l’insécurité et le terrorisme. A cet égard, nous fondons beaucoup d’espoirs sur le partenariat annoncé lors du dernier Sommet de Biarritz entre le G7 et le G5 au sujet des enjeux du Sahel. Cette initiative, qui vient s’ajouter à d’autres en cours pour le financement et la pleine opérationnalisation de la Force G5, impose aux parlements du Sahel l’exigence d’aller plus vite dans la fonctionnalité du CIP-G5. Déjà, nous sommes heureux du lancement des activités dudit CIP, à travers la constitution des commissions générales ainsi que la disponibilité des règlements intérieur, administratif et financier.
La prochaine Conférence des Présidents, prévue dans quelques jours en Mauritanie, permettra sûrement de franchir un nouveau pas dans la mise en œuvre de la feuille de route du CIP-G5. En tout état de cause, il est primordial que l’Assemblée Nationale du Mali, en plus des 4 autres parlements du G5, aient une visibilité claire des différentes actions menées dans le cadre de la sécurisation, de la stabilisation et du développement du Sahel. La préservation des intérêts de nos populations est à ce prix.
L’occasion est d’ailleurs bonne pour remercier, mon cher frère, Alassane Bala SAKANDE, Président en exercice du CIP G5, ici présent, pour tous les efforts qu’il ne cesse de fournir sur ce terrain. Au nom de l’Assemblée Nationale du Mali, je vous présente, Honorable SAKANDE, nos condoléances les plus attristées pour toutes les victimes civiles et militaires enregistrées régulièrement dans notre espace.
Nous condamnons fermement tous ces attentats et atrocités diverses qui endeuillent nos populations et freinent notre élan de développement.
Honorables députés,
Distingués invités,
Mesdames et Messieurs,
Du 19 au 30 août dernier, notre pays a abrité les travaux de la 44ème session ordinaire du CIP-UEMOA. Nous nous réjouissons de la bonne organisation de cette session délocalisée à Bamako dont l’objectif visé est de permettre à chaque pays membre de s’approprier davantage le CIP et d’apprécier ses efforts en faveur de notre espace commun, en particulier les questions relatives au développement économique et social, aux échanges commerciaux, au processus démocratique, à la sécurité et à la paix.
Aussi, quelques semaines auparavant, nous avions reçu une délégation du Parlement de la CEDEAO, conduite par son Président, l’Honorable CISSE LO, venue s’enquérir de la situation sécuritaire au Mali et exprimer sa solidarité au peuple malien, suite aux événements tragiques survenus dans certaines localités du centre du pays.
C’est dire que nos relations de coopération avec les regroupements parlementaires sous-régionaux sont au beau fixe et nous espérons naturellement en tirer le plus grand bénéfice pour le bien de nos populations.
Parallèlement, l’intersession a été mise à profit par certaines commissions pour effectuer des missions de contrôle de l’action gouvernementale dans divers secteurs d’activités. Elle a également servi à d’autres commissions générales et réseaux parlementaires de mener des activités de renforcement de capacités, de sensibilisation et de plaidoyer. La restitution de la loi d’entente nationale dans certaines capitales régionales, autre activité phare entreprise pendant cette période, a permis à nombre de nos concitoyens d’apprécier la teneur de cette loi à sa juste valeur et de faire des recommandations qui pourraient enrichir son décret d’application.
Honorables députés,
Distingués invités,
Mesdames et Messieurs,
L’ordre du jour de la présente session ordinaire sera principalement axé sur l’examen du projet de budget d’Etat 2020 que le Gouvernement a déjà déposé sur la table de l’Assemblée Nationale.
Après avoir réussi les deux premiers exercices en « mode programmes » en 2018 et 2019, ce sera une fois de plus, l’occasion de démontrer notre aptitude à examiner les lois de finances sur la base de la présentation novatrice dans laquelle le Mali s’est engagé. Déjà pionniers dans le domaine au sein de l’espace UEMOA, ce dont nous sommes fiers, nous entendons également conserver notre leadership en la matière car notre volonté politique à aller vers plus de transparence et de rigueur dans la gestion publique demeure constante. Nous sommes décidés pour cela à travailler de concert avec l’exécutif pour l’instauration au Mali d’une culture financière plus démocratique et plus efficiente visant exclusivement à protéger l’utilisation de l’argent public.
Honorables députés,
Distingués invités,
Mesdames et Messieurs,
Outre la loi de finances 2020, environ une quarantaine de projets de textes figurent dans notre tableau de saisines auxquels s’ajouteront certainement d’autres en cours de session.
Chers Collègues, à ce stade de la vie de notre nation, nul besoin de vous rappeler qu’en plus des saisines suscitées, nous serons beaucoup sollicités sur le chantier des réformes politiques en cours. Cette situation exige que nous soyons permanemment en alerte et bien préparés pour jouer toute notre partition. J’en appelle par conséquent à votre sens élevé de responsabilité pour continuer à exercer la plénitude de vos compétences durant tout le temps qui nous est imparti pour le reste de notre mandat.
Distingués invités,
Mesdames et Messieurs,
En ce début de rentrée scolaire 2019-2020, je souhaite à tous les Elèves et Etudiants du Mali ainsi qu’à l’ensemble du corps enseignant une très bonne année scolaire, une année scolaire que nous voulons sereine et studieuse pour le renouveau de l’école malienne.
Quant à nos populations sinistrées par les inondations de la saison hivernale, je leur exprime toute ma compassion et j’implore le Tout Puissant pour qu’il gratifie notre pays d’excellentes récoltes.
Par ailleurs, nous avons accueilli avec soulagement la remise en selle du football malien à travers l’élection, le 29 août dernier, d’un nouveau bureau de la FEMAFOOT. Ce bureau désormais dirigé par Monsieur Mamoutou TOURE dit Bavieux, à qui nous souhaitons pleins succès dans sa mission, œuvrera sûrement pour donner à notre football un rayonnement encore plus éclatant. Toutes nos félicitations également à notre compatriote Hamane NIANG pour sa brillante élection en qualité de Président de FIBA Monde.
Excellence Monsieur le Premier ministre,
Chers Collègues Députés,
Mesdames et Messieurs,
Avant de terminer, je voudrais encore une fois exprimer toute ma profonde gratitude à l’ensemble de nos invités, particulièrement la délégation du Burkina-Faso, conduite par le Président SAKANDE, à qui j’adresse tous mes vœux de pleine réussite dans l’organisation de la prochaine Conférence de l’UPCI que le Faso abritera en janvier 2020.
Que Dieu dans sa miséricorde nous comble de ses bienfaits dans un Mali plus fort, plus uni, plus prospère et en paix!
Sur cette prière, je déclare ouverte la session ordinaire d’octobre 2019 de l’Assemblée Nationale du Mali.
Je vous remercie.